Comparant la situation de la République Démocratique du Congo à celle du Burkina Faso, Monsieur Michel OTTO, Coordonnateur National de l’Agence Pour la Promotion de l’Enseignement, APE, et expert de la petite enfance présente la situation de l’enseignement du Préscolaire en RDC.
En effet cet expert révèle que La RDC et le Burkina Faso présentent un faible taux d’accès au préscolaire soit 6% dans les deux pays. Même si sur le plan démographique, le Burkina Faso a une faible population suite à l’étendue géographique comparativement à la RDC, qui est un pays aux dimensions continentales, Michel OTTO indique qu’à la différence avec la RDC, le Burkina Faso a, dans sa dénomination, le Ministère qui reprend le terme (Préscolaire), tandis qu’en RDC, le Préscolaire ou la maternelle ne ressort pas dans l’appellation du Ministère en charge de l’enseignement.
Dans les deux pays, il faut reconnaitre qu’il y a une approche qui consiste à rapprocher les écoles près des enfants (espace communautaire d’éveil en RDC) et (Bissongo au Burkina Faso). En plus des structures alternatives, en RDC il ya des classes pré-primaires, une année unique pour les enfants de 5 ans révolus. Si la RDC possède à ce jour un programme national pour l’enseignement préscolaire, le Burkina Faso l’a également.
Les stratégies sectorielles des deux pays ont les mêmes axes : accès, qualité et gouvernance. Par ailleurs, il faut noter selon Michel OTTO que les difficultés sont les mêmes dans les deux pays : insécurité, méconnaissance du préscolaire par les communautés, insuffisance d’infrastructures et matériels didactiques appropriés, insuffisance du Budget alloué à ce secteur. En RDC le budget accordé au préscolaire n’atteint même pas 1%. Avec 8.250 écoles accueillant un peu plus de 600 000 enfants, soit 5,7% des enfants de 3 à 5 ans (2019-2020), le préscolaire est moins développé en RDC.« Le cadre règlementaire est en place, mais le sous-secteur peine à se développer, faute de ressources suffisantes.
L’éducation préscolaire est un cycle payant, elle ne fait pas partie de la scolarisation gratuite et obligatoire. L’Etat ne finance qu’une partie des rémunérations du personnel des écoles publiques » Revèle Michel OTTO. Ce dernier indique que la fréquentation préscolaire est un phénomène plutôt urbain et concerne principalement les ménages économiquement les plus aisés.
Concernant le niveau de qualification professionnelle des éducatrices et éducateurs de l’enseignement préscolaire, en 2019-2020, seulement 12,6% des éducatrices et éducateurs sont qualifiés. Cette proportion était nettement plus importante avant 2015. L’augmentation importante du nombre des éducatrices et éducateurs depuis cinq ans s’est effectuée par un recours à des recrutements de diplômés du niveau D6 qui représentent la très grande majorité des éducateurs.
Cependant, la formation initiale des éducatrices et éducateurs du préscolaire ne fait pas encore l’objet, au niveau du ministère de l’EPST, d’un dispositif standardisant et encadrant cette fonction : en l’absence des centres nationaux de formation, des institutions privées ont pris en charge cette formation, recrutant des candidats et candidates ayant le niveau D6 ou D4 de la filière des humanités pédagogiques ou d’une autre section.
S’agissant des infrastructures, l’expert Michel OTTO indique que les conditions matérielles des écoles sont en deçà des normes souhaitables, surtout dans les écoles publiques. Le nombre des salles d’activités est légèrement inférieur au nombre des classes pédagogiques dans toutes les catégories d’écoles, mais seulement 42% des salles d’activité sont construites en matériaux durables ou semi-durables dans les écoles publiques, contre 97% des salles dans les écoles privées. Les écoles privées ont en moyenne un meilleur niveau d’équipement que les écoles publiques, le rapport RESEN l’a aussi confirmé.
Cependant le système éducatif en RDC est à comparer à un immeuble ayant trois niveaux. L’école primaire comme premier niveau (Rez-de-chaussée), l’école secondaire, deuxième niveau et l’enseignement supérieur comme le troisième niveau. Cette comparaison se fait dans le sens où dans la dénomination de nos ministères, aucun ne porte la mention maternelle ou préscolaire. Le préscolaire est la fondation, la base qui soutient l’édifice de l’enseignement. D’où ce défenseur de première heure du droit à l’éducation, particulièrement au préscolaire, recommande que l’on mette du sérieux pour le bien du Congo de demain.
Il n’est pas normal selon lui qu’une Commune urbaine en pleine capitale comme celle de Kintambo, ne possède que deux écoles maternelles publiques. Le reste est composé des écoles privées qui coutent chères. En outre, il est important que le pays avance avec le monde. Le vocable « maternelle » est de plus en plus désuet. Le préscolaire également. A l’international (UNESCO), on préfère parler de l’EPPE, Education et Protection de la Petite Enfance. La loi-Cadre devra être actualisée, les formations du personnel doivent être soutenues.
Il y a lieu de signaler qu’avec l’appui du Projet de l’Amélioration de la Qualité de l’Education, PAQUE, le préscolaire en RDC avait commencé de sortir la tête de l’eau. Cependant, le corps des inspecteurs, ceux qui sont censés réguler ce niveau sont, pour la plupart issus de l’enseignement primaire Des recyclage sont une urgence pour cette catégorie des cadres de l’enseignement. Pour ce faire, Michel OTTO préconise la sensibilisation à travers une bonne communication ainsi que l’implication du Gouvernement pour que le préscolaire retrouve sa place.