L’ arrestation surprise, Samedi 5 février, du conseiller spécial à la sécurité du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, alors que le chef de l’ État se trouvait à l’ étranger, a suscité des protestations et des craintes d’ instabilité au sein du gouvernement.
François Beya, qui était considéré comme une figure clé dans ce pays d’ Afrique centrale ravagé par le conflit, a été arrêté samedi par les services de renseignement. Aucune raison officielle n’ a été donnée pour l’ arrestation. Cependant, une source sécuritaire a déclaré à l’ AFP sous couvert d’ anonymat que Beya est » soupçonné de vouloir tenter quelque chose en l’ absence du chef de l’ Etat, dont la nature sera déterminée après son audition » . Tshisekedi s’ était rendu à Addis- Abeba, la capitale éthiopienne, pour assister à un sommet de deux jours de l’ Union africaine, qui s’ est terminé dimanche avec des dirigeants condamnant une récente » vague » de coups d’ État militaires sur le continent. Tshisekedi est rentré chez lui samedi soir, son entourage niant avoir écourté son séjour.
L’ avocat Georges Kapiamba de l’ Association congolaise pour l’ accès à la justice (ACAJ) a déclaré avoir rendu visite à Beya dans les locaux de l’ Agence nationale des renseignements (ANR). » L’ ACAJ confirme l’ arrestation et l’ audition de M. François Beya par les enquêteurs de l’ ANR » , a- t- il tweeté samedi. » Les hauts responsables de ce service nous ont assuré que toute la procédure s’ était déroulée dans le strict respect des droits de l’ homme. » Kapiamba a déclaré aux journalistes que Beya était » soupçonnée d’ avoir participé à des réunions impliquant la sécurité de l’ Etat » . Dans un éditorial du journal Forum des As lundi, José Nawej a écrit qu’ » en arrêtant l’ homme dont le métier est de sécuriser les institutions » , le gouvernement de Tshisekedi avait donné » la preuve de l’ existence d’ un malaise au sein du gouvernement » . » Qu’ il s’ agisse d’ une tentative de révolution de palais, d’ une guerre de clans… ou même d’ une manœuvre de diversion, comme certains l’ ont suggéré, ça sent mauvais » , écrit l’ éditorialiste.
L’ arrestation fait suite à des coups d’ État militaires au Burkina Faso, au Mali et en Guinée au cours de la dernière année et demie, ainsi qu’ à un coup d’ État déjoué en Guinée- Bissau la semaine dernière. L’ ONG congolaise de défense des droits de l’ homme Justicia a exhorté le gouvernement à » informer la population » plutôt que de » laisser grandir l’ hystérie suscitée par l’ insécurité généralisée » . La nouvelle de l’ arrestation a incité les partisans du parti Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de Tshisekedi à descendre dimanche dans les rues de la capitale Kinshasa, bloquant une partie d’ une route principale, certains lançant des pierres sur les voitures qui passaient, a indiqué la police. Les revendications des manifestants n’ étaient pas claires, mais l’ un d’ entre eux, Justin Kashama, cité lundi dans le journal Le Potentiel, a déclaré » vouloir exprimer son indignation contre le signalement d’ un complot contre le chef de l’ Etat » . « Les gens sont en colère », a- t- il ajouté. François Beya a aussi servi sous l’ ancien président Joseph Kabila jusqu’ en 2019, date à laquelle il a rejoint l’ équipe de Tshisekedi. Le malaise survient alors que Tshisekedi a lutté pour arrêter l’ effusion de sang des conflits avec les groupes armés qui font rage dans l’ est du pays, après avoir placé les provinces du Nord- Kivu et de l’ Ituri sous un » état de siège » en mai dernier.
Mardi soir, le porte- parole de la présidence Congolaise a pris la parole. Selon Tharcisse Kasongo Mwema, il y a » indices sérieux attestant d’ agissements contre la sécurité nationale » . » Les enquêtes se poursuivent et les investigations s’ effectuent à différents niveaux » , explique Tharcisse Kasongo Mwema, porte- parole de Félix Tshisekedi. » Aucune tentative de déstabilisation de nos institutions démocratiques ne sera tolérée » , prévient la présidence. Les autorités avaient jusque là gardé le silence sur l’ arrestation du Conseiller spécial en matière de sécurité du président Tshisekedi. » Il s’ agit d’ une affaire relevant de la sûreté de l’ État » , explique le porte- parole, » une matière de la compétence exclusive de l’ ANR » . » Il n’ est pas dans les habitudes de ce service de communiquer sur ses activités » , a- t- il relevé afin de donner une explication à ce silence. » Toutefois » , a- t- il poursuivi, » dans l’ état actuel des choses, on peut affirmer que les enquêteurs disposent d’ indices sérieux attestant d’ agissements contre la sécurité nationale »
Jean Claude Ngalamulume Bakamubia