Michel, Expert-Consultant en appui au SERNAFOR MATERNEL pour le compte du Projet d’Amélioration de la Qualité de l’Education, financé par le Partenariat Mondiale pour l’Education (PME) ; Coordonnateur National de l’Agence pour la Promotion de l’Enseignement (APE) ; Formateur des enseignants et cadres de la maternelle et du primaire, OTTO Michel est aussi Inspecteur d’enseignement maternel et auteurs de plusieurs manuels destinés aux opérateurs pédagogiques du préscolaire. Avec lui, nous analysons l’importance de l’école maternelle dans le processus de formation des enfants dans un jeu de questions-réponses qui permet d’expliquer certaines notions de base en la matière.
SGC : Qu’est-ce que le préscolaire ?
OTTO Michel : Le préscolaire, pour être le plus simple possible c’est tout niveau d’enseignement qui précède la scolaire primaire, de base, celle qui est obligatoire.
SGC : Quel est la différence entre le préscolaire et la maternelle ?
OTTO Michel : La différence entre les deux concepts n’existe que dans le sens d’inclusion et d’exclusion. Le préscolaire contient tout ce qui se fait avant la scolarité obligatoire. Par exemple, la crèche, la maternelle, la garderie sont des structures faisant partie du préscolaire. L’école maternelle est aussi une des composante du préscolaire. L’école maternelle est cette structure préscolaire qui reçoit les enfants de deux sexes dont l’âge varie entre 3 à 6 ans pour leur assurer un certain enseignement. Il y a la présence d’un programme des matières. Il faut dire dans son sens initial, l’école maternelle était uniquement publique et tout ce qui était privé s’appelait jardin d’enfants. Mais, aujourd’hui, les deux structures s’appellent indistinctement école maternelle.
SGC : Quelles sont les objectifs poursuivis par l’école maternelle et qu’elle est son importance ?
OTTO Michel : Les objectifs de l’école maternelle sont principalement la socialisation de l’enfant avec son milieu. La préparation à son entrée à l’école primaire constitue un des objectifs. Certains pays ont d’autres objectifs. Mais en RDC, la Loi-Cadre de 2014 note que « L’enseignement maternel a pour but d’assurer l’épanouissement de la personnalité de l’enfant par une action éducative en harmonie avec le milieu familial, social et environnemental. Il concourt essentiellement à l’éducation sensorielle, motrice et sociale de l’enfant et à l’éveil de ses facultés intellectuelles. Il le prépare à accéder à l’enseignement primaire ». Cet objectif n’est pas loin de celui de certains pays d’Afrique francophone.
En ce qui concerne l’importance de l’école maternelle, elle est à retrouver à la fois sur le plan scientifique, social qu’économique.
Sur le plan scientifique : Il est démontré que si un enfant ne commence ses études qu’au niveau primaire, il lui sera difficile de combler les vides qu’il aura ratés. Des conséquences seront ressenties toute sa vie. Et il lui prépare à affronter avec efficacité l’instruction primaire car la base serait déjà lancée.
Sur le plan social : Les écoles maternelles permettent de combler le vide causé par l’indisponibilité des parents en général et des mères en particulier. Austrate et Augé, deux pédagogues ont dit : « Si toutes les mères étaient intelligentes et comprenaient bien leur mission providentielle, la place de tous ces enfants serait toute marquée dans les foyers domestiques et les écoles maternelles seraient inutiles, voire nuisibles. Or, les femmes de nos commerçant, des ouvriers et autres cultivateurs, préoccupées par le souci de gagner le pain au quotidien, se rendent dans leur commerces, champs, etc. laissent les enfants seuls. Ces derniers courent les rues et deviennent grossiers et vicieux. Voilà toute l’importance sociale des écoles maternelles.
Sur le plan économique : D’une part les parents ont raison de penser que caser un enfant au niveau maternel est une perte. En effet, la finalité économique du préscolaire n’est que culturelle et son produit, est un produit de consommation.
Mais vu l’évolution scientifique, l’école maternelle commence petit à petit à devenir une école préparatoire pour le niveau primaire. L’État devrait s’impliquer pour en faire une école obligatoire et non plus facultative.
SGC : Qu’apprend-t-on exactement à l’école maternelle ?
OTTO Michel : A l’école maternelle, comme relevé plus haut il y a la présence d’un programme d’enseignement. Ce document émis par le Ministère ayant ce niveau d’enseignement a un contenu-matière à dispenser aux enfants d’âges préscolaires. Ce contenu est adapté aux différents âges des enfants. C’est-à-dire un contenu pour les enfants de 3 ans, un contenu pour les enfants de 4 ans et un contenu pour les enfants de 5 ans. L’essentiel des matières dans plusieurs pays, pour ne pas parler seulement de la RDC tourne autour des activités ayant trait au langage, à la psychomotricité, au sensoriel et à la socialisation. Les personnes destinées à enseigner à l’école maternelle doivent être capables de mettre en œuvre différents types de pédagogie pour amener chaque enfant à libérer son potentiel.
SGC : Vous avez récemment écris un livre intitulé « Vie pratique champ d’application des autres activités de la maternelle ». Avez-vous l’intention d’écrire un autre ou c’est le dernier et l’unique ?
OTTO Michel : Oui, je suis l’auteur de ce livre concernant les activités de vie pratique au préscolaire. Il est vrai que c’est le premier mais, pas le dernier. Le tout dernier est celui intitulé « Les activités libre et les coins-jeux au préscolaire » sorti aux Editions Universitaires Européennes, les deux prochains sont : « La conception des travaux des enfants au préscolaire » et « Les techniques d’accueil des enfants au préscolaire ». Ils vont paraitre très bientôt et sont destinés à toute l’Afrique francophone.
SGC : Une avant dernière question. Vous êtes administrateur principal d’un groupe WhatsApp regroupant autant de membres des pays de l’Afrique francophone. D’où vous est venue cette idée et comment fonctionne ledit groupe ?
OTTO Michel : Oui, j’ai mis sur pied ce groupe dénommé « Vive la maternelle », c’est un groupe panafricain regroupant les opérateurs pédagogiques du préscolaire d’un certain nombre des pays de l’Afrique francophone. L’objectif est de partager les expériences entre nous car l’union fait la force. La devise du groupe est « Je connais, je partage. Je ne connais pas, je demande ». Grace à ce groupe, nous avons mené plusieurs activités dont une enquête sur la présence des manuels scolaires dans les classes maternelles d’Afrique francophone. Il s’est dégagé le constat que l’Afrique a besoin de réfléchir pour mettre sur pied des manuels scolaires destinés aux enfants et aux éducateurs/éducatrices du préscolaire. Ainsi, nous nous soutenons mutuellement afin de renforcer nos capacités pour relever les différents défis se présentant à nous. En outre, chaque deuxième quinzaine du mois, nous organisons une formation sous forme de « débat-forum » portant sur une difficulté rencontrée par des membres dans l’exercice de leur travail. Des innovations et la promotion des manuels scolaires, des matériels didactiques, des nouvelles techniques ou approches sont des sujets qui font l’objet de ces différents débats-forum.
En outre, étant un groupe panafricain, chaque pays a un administrateur-pays. Son rôle est d’assurer la promotion du groupe et faire adhérer e plus de membres de son pays dans la grande famille éducationnelle du préscolaire.
SGC : En tant qu’Expert sur les questions de l’éducation préscolaire et consultant au Service National de Formation des enseignants au niveau du Ministère de l’EPST, quel conseil donnerez-vous aux parents qui hésitent encore à faire entrer leurs enfants à l’école maternelle ?
OTTO Michel : En tant qu’Expert dans ce domaine du préscolaire, il est très important que les enfants passent par la maternelle. Cela prépare bien les enfants à affronter l’école fondamentale. Au préscolaire, l’enfant a déjà appris comment tenir l’outil d’écriture, il a déjà appris à cohabiter avec les autres enfants, il a déjà amorcé le passage de l’enfant à l’élève.
MUSSA OMBA Magalie